Ihor Zhovkva, chef adjoint du Cabinet du Président

Le mois dernier a été marqué par un certain nombre d’événements importants pour l’Ukraine avec la participation de partenaires étrangers, au premier rang desquels le 32ème anniversaire de l’indépendance, la tenue du Sommet de la Plateforme de Crimée à Kyïv, ainsi que les visites du Président Volodymyr Zelensky et de son équipe dans un certain nombre de pays, où la fourniture d’avions de combat F-16 à l’Ukraine a été officiellement annoncée pour la première fois et où le sommet avec les pays des Balkans a eu lieu.

Ukrinform a interrogé le chef adjoint du cabinet du Président Ihor Zhovkva à ce sujet et sur bien d’autres questions liées à l’activité internationale de l’Ukraine, notamment sur la date à laquelle nous pouvons espérer signer le premier accord bilatéral sur les garanties de sécurité et les détails des préparatifs du Sommet mondial pour la paix.

LES PAYS COMPRENNENT QUE TÔT OU TARD, L’UKRAINE ATTEINDRA LA FRONTIÈRE ADMINISTRATIVE DE LA CRIMÉE ET ENTRERA EN CRIMÉE

– Pour la deuxième fois, depuis l’invasion russe à grande échelle, l’Ukraine accueillait des invités étrangers à l’occasion des célébrations de la Fête de l’Indépendance et organisait le prochain Sommet de la Plateforme de Crimée. Ihor Ivanovych, en quoi la Plateforme de Crimée-2023 diffère-t-elle de la Plateforme de Crimée-2022 ?

– Nous avons organisé pour la troisième fois le Sommet de la Plateforme de Crimée. Il est très important que le nombre de participants au Sommet de cette année ait augmenté, au total 63 pays et organisations internationales étaient présents. Certains pays ont participé pour la première fois, comme, le Timor-Leste, la Serbie, le Bahreïn et les Émirats arabes unis. De nouvelles organisations internationales ont été présentes : la Commission du Danube, l’Organisation mondiale du tourisme et l’UNESCO.

Et si l’année dernière seul le Président polonais Andrzej Duda est arrivé personnellement à Kyïv, cette année, six présidents et premiers ministres ont participé en présentiel et le nombre de participants au niveau des dirigeants qui se sont exprimés en ligne ou ont envoyé un message vidéo a augmenté.

Cela montre que le sujet de la désoccupation de la Crimée est, pour ainsi dire, sur le radar des dirigeants mondiaux.

Regardez le discours en ligne du Président turc, Recep Tayyip Erdogan. Analysez attentivement son discours, vous entendrez des réponses à de nombreuses questions. Des pays si sérieux ne prennent pas la décision de s’exprimer sans réfléchir au futur modèle de développement de la Crimée.

Un autre élément important du Sommet était l’intérêt croissant des entreprises. Ainsi, cette année, 27 entreprises ukrainiennes et étrangères ont participé aux travaux du Sommet. Un mémorandum a été signé avec 14 d’entre eux, qui se déclarent déjà prêts à entrer en Crimée après la désoccupation. Le document est ouvert à l’adhésion.

– Dans quels domaines les entreprises sont-elles prêtes à entrer en Crimée après la libération ?

– Nous parlons des entreprises d’hôtellerie, des compagnies aériennes, des agences de voyages, des entreprises de restauration, des banques, des entreprises du secteur de l’énergie, des sociétés informatiques, etc. Autrement dit, toutes les entreprises actuellement présentes en Ukraine seront certainement présentes dans la Crimée libérée. D’autant plus que la Crimée constituera une plateforme véritablement unique offrant de nombreuses opportunités.

– En trois ans des sommets de la Plateforme de Crimée, celui-ci démontre-t-il des résultats pratiques ? Que peut offrir l’Ukraine aux entreprises pour les inciter à entrer en Crimée désoccupée ?

– Bien entendu, de nombreux dirigeants ont parlé de choses pratiques. Une entreprise qui parle de sa présence en Crimée vérifie cette position auprès de l’État dans lequel se trouve son siège social.

Contrairement au Sommet de l’année dernière, qui s’est tenu dans des conditions plus difficiles, car à cette époque, nous venions tout juste de commencer des opérations de contre-offensive, aujourd’hui, alors que certains succès sont déjà visibles, y compris dans la région de Kherson, les pays comprennent que tôt ou tard l’Ukraine atteindra la frontière administrative de la Crimée et entrera en Crimée.

L’Ukraine, bien sûr, de son côté, fait des propositions aux entreprises. Je ne peux pas encore les révéler publiquement, afin que les entreprises ne subissent pas de pressions de la part du pays agresseur. Les entreprises opèrent dans différentes régions du monde et manifestent leur intérêt à travailler en Crimée libérée, ce qui constitue déjà un risque sérieux. Elles ont fait ça et nous leur en sommes reconnaissants.

– Quelques jours après la tenue de la Plateforme de Crimée, le Président Volodymyr Zelensky, dans l’une de ses interviews, n’a pas exclu que lorsque l’Ukraine se rapprochera de la frontière administrative de la péninsule, il sera possible de « pressurer politiquement la démilitarisation de la Russie sur le territoire de la rimée ukrainienne ». Cela signifie-t-il un refus de retour par des moyens militaires ou, disons, cela indique-t-il l’insistance des partenaires à agir précisément par des méthodes diplomatiques ?

Seuls le Président et le peuple ukrainiens décideront de ce qu’est la victoire pour nous.

– Il ne faut pas interpréter les propos du Président. Il n’a pas parlé du refus de restituer la Crimée par des moyens militaires. Cette volonté ne disparaît nulle part.

Si vous me demandez si nous avons discuté des moyens de désoccupation de la Crimée avec les partenaires étrangers que nous avons rencontrés récemment, alors ce n’était pas le sujet principal de nos conversations avec eux.

Après tout, seule l’Ukraine décidera de la manière de désoccuper la Crimée. Seuls le Président et le peuple ukrainiens décideront de ce qui constitue une victoire pour nous. Et ici, la situation n’a pas changé.

Et lors de récentes visites, des questions telles que, par exemple, l’assistance à la défense ont été discutées. Toute la semaine écoulée s’est déroulée sous les auspices de la coalition de pays prêts à fournir des avions de combat.

CHACUN DES 14 PAYS PARTICIPANTS À LA COALITION AÉRIENNE APPORTERA SA CONTRIBUTION

– Nous avons enfin obtenu les premières données officielles sur les F-16.

– Trois pays – les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège – ont déjà annoncé un nombre précis d’avions F-16, certains concernant la formation des pilotes. Mais il ne s’agit pas uniquement des F-16. En Suède, nous avons parlé des Gripens tant avec le Premier ministre suédois qu’avec tous les chefs des partis parlementaires. Et déjà deux jours après la visite du Président Zelensky, la chef de l’opposition Magdalena Andersson a publié un tweet dans lequel elle a demandé au gouvernement suédois de lancer une analyse sur le nombre de Gripens pouvant être transférés à l’Ukraine.

Nous comprenons que la Suède n’est pas encore membre de l’OTAN et qu’elle doit pour l’instant assumer l’entière responsabilité de sa propre sécurité. Mais nous sommes conscients que la Suède deviendra très prochainement membre de l’OTAN. Au fait, l’Ukraine aide la Suède ; à cet égard, nous parlons avec la Turquie à travers tous les canaux.

Lorsque la Suède deviendra membre à part entière de l’OTAN, la résolution de la question concernant les avions sera plus vite.

– Jusqu’à présent, seuls trois pays se sont déclarés prêts à nous fournir des avions de combat, et quelques autres à former des pilotes et du personnel technique. Y en aura-t-il d’autres ?

– La coalition aérienne, qui a effectivement commencé à se former le 1er juin, lors de la visite du Président ukrainien à Chisinau, comprend 14 pays. Nous avions déjà parlé du nombre d’avions à l’époque, mais sans en informer la presse. Ensuite, cette coalition a été formellement formée sur l’un des sommets de Rammstein, et chaque pays participant y a délibérément adhéré, nul n’a été contraint à cet égard

Il existe simplement certaines procédures. Par exemple, le F-16 est une machine de fabrication américaine. Les États-Unis devraient autoriser chacun des pays à les fournir, ou même à les utiliser à des fins de formation. Par conséquent, les pays respectifs ont subi ces procédures.

Certains États n’ont pas encore eu le temps d’annoncer publiquement leur participation. Cependant, chacun des 14 participants apportera sa contribution.

IL N’Y AURA PAS DE MÉMORANDUM DE BUDAPEST-2, 3 OU 4. LES GARANTIES DE SÉCURITÉ SERONT DES DOCUMENTS CLAIRS, JURIDIQUEMENT VÉRIFIÉS ET CONTRAIGNANTS

– Combien de pays ont déjà annoncé leur intention d’adhérer à la Déclaration du Groupe des Sept sur les garanties de sécurité ?

– À ce jour, 21 pays ont rejoint les pays du G7. Autrement dit, c’est 7 plus 21. Et, soit dit en passant, nous ne forçons aucun pays, mais nous parlons du fait que la Déclaration est ouverte.

Permettez-moi de rappeler que cette déclaration a été distribuée à tous les membres de l’OTAN lors du Sommet de Vilnius, mais les membres de l’alliance ne sont pas les seuls à avoir déjà commencé à y adhérer. Nous avons déjà ouvert des négociations sur des documents bilatéraux juridiquement contraignants avec trois pays : les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada. Je peux annoncer que nous prévoyons bientôt entamer des négociations avec un autre pays.

– Combien de temps le processus de négociation et de conclusion des accords peut-il s’éterniser ? Cela peut-il prendre des années ?

– Non, ça ne durera pas des années. Jusqu’à la fin de cette année, les négociations avec ceux avec lesquels elles ont commencé en premier devraient être finalisées et, idéalement, ces documents devraient être signés.

N’oubliez pas que les accords doivent suivre une procédure d’approbation.

– Le Président a déclaré que nous nous efforçons à conclure l’accord le plus important avec les États-Unis.

– Bien sûr, c’est pour cela que nous avons d’abord entamé ces négociations avec eux.

– Peut-on, par exemple, y appliquer un modèle israélien ?

– Pas nécessairement. Je vous rappelle que les États-Unis ont encore des modèles coréens et japonais. Mais, nous rédigeons notre propre accord. Il existe plusieurs options que nous pouvons suivre.

– Avec quels autres États envisageons-nous conclure des accords sur les garanties assez fortes ?

– Je pense que nous pourrions avoir de tels accords avec tous les pays du G7.

– On craint que ces accords soient purement déclaratifs…

– Il n’y aura certainement pas de répétition du Mémorandum de Budapest. Il n’y aura pas de Mémorandum de Budapest-2, 3 ou 4. Mais il y aura des documents clairs, juridiquement vérifiés et contraignants.

Il existe une déclaration du G7. Nous avons délibérément décidé de donner à ce document le statut de déclaration ouverte afin de permettre davantage aux pays d’y adhérer. Vous voyez, un peu plus d’un mois s’est écoulé, et 21 pays l’ont déjà rejoint, soit trois fois plus qu’au moment de son approbation au Sommet de Vilnius.

Elle est le fondement, la base, qui contient une liste minimale de garanties qui devraient être incluses dans les documents bilatéraux ou multilatéraux, d’ailleurs, il est possible que les documents puissent aussi être multilatéraux. Ensuite, nous travaillons déjà sur des aspects spécifiques avec chaque État partenaire.

– Il est clair pourquoi l’Ukraine a besoin de garanties de sécurité. Et quelle est la motivation de nos partenaires pour nous donner ces garanties ?

– Elles sont bénéfiques à eux-mêmes, car ces garanties de sécurité ne concerneront pas seulement l’Ukraine, mais l’ensemble de notre région. Comment peut-on parler de sécurité du continent européen sans parler de la sécurité de l’Ukraine ? Comment peut-on parler de la sécurité de nos voisins, de la sécurité de n’importe quel pays européen, s’il n’y a aucune garantie que l’agression ne se répétera pas après la victoire de l’Ukraine ?

Par conséquent, ces garanties de sécurité visent à garantir l’impossibilité d’une nouvelle escalade significative de l’agression et l’impossibilité de reprendre l’agression après la victoire.

Lorsque les pays apposaient leurs signatures sous le document, ils le faisaient de leur gré. .

Oui, la meilleure garantie de sécurité pour l’Ukraine est l’adhésion à l’OTAN. Personne ne retire cette question de l’ordre du jour, et la Déclaration affirme que toutes ces garanties resteront en vigueur aussi longtemps que l’Ukraine poursuivra son objectif d’adhésion à la communauté euro-atlantique. Mais cela n’arrivera certainement pas avant la victoire de l’Ukraine, c’est pourquoi des garanties sont nécessaires.

LA CHINE, L’INDE, L’AFRIQUE DU SUD ET L’ARABIE SAOUDITE PARLAIENT DE LA PAIX EN UKRAINE SUR LA BASE DE LA FORMULE UKRAINIENNE

– Parallèlement aux négociations sur les garanties, l’Ukraine prépare le Sommet mondial pour la paix. Est-ce qu’on sait déjà où et quand il aura lieu ?

– La formule de paix du Président Zelensky est soutenue par de plus en plus de pays. Nous attendons avec impatience le sommet inaugural qui aura lieu à l’automne. Quant au lieu, tout dépend de l’endroit où les dirigeants que nous souhaitons voir au sommet acceptent de se rendre et du pays hôte afin qu’il puisse prendre toutes les mesures nécessaires pour la visite du plus grand nombre possible de dirigeants du Sud global.

Il y a eu une réunion de conseillers diplomatiques à Copenhague pour discuter de la formule de paix, puis des représentants de 15 États se sont réunis, dont quatre du Sud. Et puis à Djeddah, il y avait déjà 42 États. Le monde s’est uni autour du fait que la paix en Ukraine reposera sur la formule ukrainienne.

La Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud et l’Arabie Saoudite parlaient de paix en Ukraine sur la base de la formule ukrainienne.

Des réunions au niveau des ambassadeurs ont lieu chaque semaine, à chaque fois sur un point particulier. Ce mercredi, des représentants de 74 pays ont participé à la réunion concernant le point « Sécurité alimentaire », présidée par le Chef du Cabinet du Président Andriy Yermak.

Nous travaillons en groupes . Il y a 10 groupes selon les 10 points de la formule. Dans le Cabinet du Président, par exemple, il existe un groupe de travail présidé par Andriy Yermak et présidé par moi sur le point 9, qui concerne l’impossibilité de l’escalade de la guerre et l’impossibilité de la répétition de l’agression.

Chaque groupe se voit assigner des ministres compétents, des représentants du Cabinet du Président et des experts sont engagés.

Il est désormais nécessaire de procéder à un autre cycle de négociations au niveau des conseillers, qui devrait avoir lieu dans un avenir proche.

Et ce qui est important, personne ne parle plus de plans alternatifs.

– Il n’y a donc pas de « chinois », d’ « africain », de « brésilien » ?

– Il n’y en a pas ! Oui, la formulation de certains points de la formule est corrigée. Les formules – l’ordre des points, la présence de tel ou tel points, personne ne les conteste, mais juste la formulation compte tenu des positions de certains États.

– Qu’attend exactement l’Ukraine du Sommet mondial pour la paix ?

– Le début du processus. La confirmation de la formule de paix ukrainienne. Et après ce sommet, il n’y aura plus d’autres plans alternatifs !

Après le Sommet mondial de la paix, des événements se tiendront sur chacun des points, non plus au niveau des dirigeants, mais au niveau des ministres et conseillers.

Pour chaque point, nous savons déjà le nombre approximatif de pays qui participeront à sa mise en œuvre.

– Y a-t-il un point que tout le monde contourne ?

– Un tel point n’existe pas. Les points sur la sécurité alimentaire, la sécurité nucléaire, l’écologie, les échanges de prisonniers sont très populaires.

Il y en a des moins populaires : le retrait des troupes russes, la traduction de la Fédération de Russie en justice, la fixation de la fin de la guerre.

Nous n’exigeons pas que chaque pays participe à dix points. Nous exigeons de partager la philosophie générale de toute la Formule de paix et de choisir les points les plus acceptables.

Oui, la participation à un ou deux points est normale pour les pays du Sud. Cependant, nous attendons des partenaires américains et européens qu’ils participent à la plupart des points, et que l’UE et l’ONU, en tant qu’institutions, participent à tous les points.

– Comment trouvez-vous le chemin vers les pays du Sud, en particulier vers l’Amérique Latine ? Le 24 août, le Président du Portugal, pays qui entretient historiquement des relations assez étroites avec le Brésil, s’est rendu à Kyïv, lui avez-vous parlé de l’aide à l’établissement de contacts ?

– En effet, le Président du Portugal entretient de bonnes relations avec le Président du Brésil. Et nous avons discuté de plusieurs formats d’interaction avec lui. L’expansion de la présence ukrainienne dans cette région a également été discutée avec le Premier ministre espagnol.

D’ailleurs, la tenue d’un sommet Ukraine-Amérique latine ne disparaît pas de l’ordre du jour de notre diplomatie, ni de l’équipe du Cabinet. Nous souhaitons organiser un tel sommet, peut-être dans l’un des pays d’Amérique latine.

Mais il convient de noter que les pays d’Amérique latine nous soutiennent déjà très activement. Le Costa Rica, par exemple, a participé à la Plateforme de Crimée et a rejoint le Core Group travaillant sur la création d’un tribunal. Ainsi, que le Guatemala. Le Président chilien a défendu personnellement l’Ukraine lors du Sommet UE-CELAC lorsqu’il a déclaré que la Russie menait la guerre impérialiste contre l’Ukraine.

Auparavant, il a été dit à propos de l’élargissement de notre présence, y compris diplomatique, sur le continent africain. On peut également concevoir qu’il faut renforcer notre présence en Amérique latine. Il semble que nous ayons actuellement six ambassades dans la région. Ce n’est évidemment pas suffisant. Et il faut non seulement ouvrir des ambassades, mais aussi, par exemple, des chambres de commerce.

L’Ukraine présente un intérêt, notamment pour la région latino-américaine. Nous le voyons dans les contacts du Président ukrainien. C’est pourquoi le gouvernement et notre service diplomatique doivent y travailler.

LA TURQUIE FAIT DES EFFORTS POUR RENOUVELER L’ACCORD CÉRÉALIER DÉJÀ EXISTANT ENTRE LA RUSSIE ET ​​L’ONU

– Le Président turc prévoit une visite en Russie et une rencontre avec Poutine début septembre pour discuter de l’activité sur le corridor céréalier. La partie turque discutait-elle avec l’Ukraine de sa position dans ces négociations ?

– Absolument. Nous coordonnons toujours nos positions avec la partie turque. Et c’est déjà devenu une tradition.

– Peut-être que le Président Erdoğan se rendra bientôt en Ukraine ?

– Il a reçu une invitation de notre Président à se rendre en Ukraine, cela a été discuté lors de la visite de Volodymyr Zelensky à Istanbul (le 7 juillet – éd.). Le Président turc est un invité bienvenu en Ukraine.

Bien sûr, j’aimerais le rencontrer le plus rapidement possible, il y a beaucoup de questions sur lesquelles, évidemment, il est très souhaitable de parler face à face, directement, et non par d’autres moyens de communication.

– Des informations ont été diffusées dans les médias selon lesquelles la Turquie aurait discuté du soi-disant « nouvel accord céréalier » avec le Qatar et la Russie. Que sait l’Ukraine à ce sujet ?

– Je peux dire que, pour des raisons tout à fait évidentes, il s’agit plutôt d’un fake diffusé intentionnellement par le pays agresseur.

Nous ne savons rien de la possibilité de préparer un tel accord. Au lieu de cela, nous savons que la Turquie fait réellement tout son possible pour rétablir l’accord céréalier déjà existant entre la Russie et l’ONU.

LE PRÉSIDENT ZELENSKY A D’EXCELLENTES RELATIONS AVEC LE PRÉSIDENT DUDA, « IL N’Y A PAS DE REFROIDISSEMENT ENTRE NOUS »

– Poursuivant le sujet des céréales… Le Président polonais Andrzej Duda n’était pas présent aux événements solennels à Kyïv à l’occasion du Jour de l’Indépendance. Est-ce lié d’une manière ou d’une autre à nos contradictions concernant le blocage du transit des céréales ukrainiennes ?

– Comme nous l’a officiellement expliqué la partie polonaise, le Président Duda n’a pas pu arriver à temps à Kyïv en raison de son emploi du temps chargé. Mais il était en contact : il a pris la parole en ligne lors du Sommet de la Plateforme de Crimée, où, comme d’habitude, il a soutenu l’Ukraine et la nécessité de la désoccupation de la Crimée.

Le 24 août, une conversation téléphonique a eu lieu à l’initiative de M. Duda : il a appelé le Président ukrainien pour le féliciter à l’occasion du Jour de l’Indépendance. Ils parlaient des contacts futurs, des questions qui sont à notre ordre du jour.

D’ailleurs, il n’y a aucune intrigue ici, le Président Zelensky a d’excellentes relations avec le Président Duda, « il n’y a pas de refroidissement entre nous ».

Un État membre de l’UE ne peut légalement établir unilatéralement des restrictions bilatérales sur l’exportation de tout type de marchandises en provenance d’Ukraine.

Nous parlons toujours franchement et la Pologne connaît notre position. La Pologne connaît notre position sur l’inadmissibilité de la violation du droit européen, des principes du marché commun de l’UE, de l’Accord d’association entre l’Ukraine et l’UE, y compris de la zone de libre-échange global. Un État membre de l’UE ne peut légalement établir unilatéralement des restrictions bilatérales sur l’exportation de tout type de marchandises en provenance d’Ukraine. Et c’est comme ça. S’il le fait, il viole le principe de l’existence de l’Union européenne. Et pour cela, il devrait y avoir une réaction de la Commission européenne.

L’Ukraine a également le droit à la réponse juridique, notamment au recours à l’arbitrage, ce que nous ferons certainement si la violation des principes du marché commun se poursuit.

– Jusqu’en octobre, l’Ukraine doit mettre en œuvre les sept recommandations de la Commission européenne afin de pouvoir entamer les négociations d’adhésion à l’UE en décembre. Récemment, la vice-première ministre Olga Stefanishyna a expliqué que nous n’obtiendrons peut-être pas la mise en œuvre des sept recommandations à 100 %, mais que l’État veillera à la mise en œuvre de toutes les mesures législatives et institutionnelles convenues. Cela ne deviendra-t-il pas un obstacle à l’obtention d’une conclusion positive de la CE ?

– J’ai entendu des représentants de la Commission européenne, dont la Présidente Ursula von der Leyen, et les dirigeants des États rencontrés par le Président ukrainien, que nous devons mettre en œuvre les sept recommandations à 120 % afin que le processus des étapes ultérieures de notre intégration européenne soit impeccable, de sorte qu’il n’y ait pas de questions.

Le gouvernement a une tâche concrète de la part du Président de mettre pleinement en œuvre les sept recommandations avant la préparation du rapport par la Commission européenne. Le Président ne l’a ni modifié ni supprimé.

– Avons-nous le potentiel de tout faire à temps ?

– Le gouvernement assure que oui. Le Parlement doit adopter encore quelques lois pertinentes, la dynamique montre que tout va bien. Par exemple, l’une des lois importantes qui doit encore être adoptée concerne les modifications de la loi sur les minorités nationales conformément aux propositions de la Commission de Venise.

Presque chaque semaine, le Président tient une réunion sur ces sept recommandations. La dernière réunion de ce type a eu lieu le mercredi 30 août. Mme Stefanishyna a rendu compte des progrès réalisés dans la mise en œuvre des recommandations.

Le Président de la Commission européenne assure au Président Zelensky que si l’Ukraine fait ses devoirs, la conclusion sera positive.

Et puis le planning est très simple. La conclusion positive concernant la mise en œuvre par l’Ukraine des sept recommandations en mi-octobre, puis le Conseil européen les 14 et 15 décembre et l’adoption d’une décision sur le début des négociations concernant l’adhésion.

Olena Lytvynenko

Photos : Ruslan Kaniuka


La source: Ihor Zhovkva, chef adjoint du Cabinet du Président

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